Je suis métisse et pourtant il n’y a que peu de temps que je me questionne sur ce terme… «Métisse» pourrait simplement décrire le fait qu’une personne soit le mélange de deux autres, mais dans l’usage courant, il s’agit surtout du fruit de deux groupes ethniques distincts. En général, on parle de différences en matière de couleur de peau, hélas. Moi, je pense que nous sommes tou·te·s métisses. Née d’une mère sénégalaise et d’un père suisse, j’ai souvent le sentiment de devoir choisir mon camp. Je constate aujourd’hui que je ne suis pas la seule à me poser ces questions ou à ressentir les même émotions. Je l’ai bien vu grâce aux échanges que j’entretiens avec d’autres métisses. Il·elle·s pensaient eux·elles aussi, se trouver seul·e·s face à ce paradoxe quotidien. Ces rencontres et la constitution d’une sorte de réseau amical, m’ont donné envie d’en témoigner par l’image. Je travaille avec des gens avec lesquels je partage une expérience bien spécifique du rapport aux autres. Des personnes métisses, issues elles aussi, conjointement, de cultures africaines et européennes. Mon intention n’est surtout pas de créer et de renforcer une catégorie, mais peut-être faut-il passer par là pour que ce qui m’est aujourd’hui imposé par le regard social puisse se voir abordé, discuté, dénoncé surtout. Très pragmatiquement, à ce stade, mon projet consiste simplement à faire le portrait de personnes qui considèrent qu’elles sont caractérisées sous le terme de métisse. Je n’entre pas dans un débat sur la nature de leurs origines. Photographiquement, je ne me soumets pas à une procédure standardisée de prise de vue. La représentation des corps noirs ou métisses se confronte bien à l’histoire de la figure du sauvage colonisé. Sans pouvoir absolument et totalement échapper à cette marque brûlante de l’histoire des représentations, je pense, par une approche sensible et non systématique, constituer un ensemble de portraits formant une sorte de famille ou de communauté, au sens solidaire du terme.
est une photographe suisso-sénégalaise. En 2020, elle achève sa formation de photographe à l’école de Vevey et poursuit avec un diplôme en communication visuelle. Elle a travaillé auprès de Bilal El Kadhi à Paris dont le cadre stage en photographie de mode. Ses origines mélangées se présentent comme étant l’élément fondamental de son travail artistique.
@laure.huguet
Laure Alabatou Reina Huguet ne crée pas des catégories, elle constate une réalité en Suisse: les discriminations contre les personnes racisées ne se comptent pas. Les personnes concernées sont constamment confrontées à leur couleur de peau et leur identité. De manière très poétique et juste, la photographe crée des images chargées d’histoires. La subtilité avec laquelle le blanc et le noir de l’image disparaissent, pour laisser place à une infinité de nuances crée une déclaration visuelle forte, tout en critiquant indirectement, ou volontairement, une histoire raciste de la photographie. «Ailleurs, Ailleurs» par son titre presque provocateur, fait du bien à voir en Suisse.
Je suis métisse et pourtant il n’y a que peu de temps que je me questionne sur ce terme… «Métisse» pourrait simplement décrire le fait qu’une personne soit le mélange de deux autres, mais dans l’usage courant, il s’agit surtout du fruit de deux groupes ethniques distincts. En général, on parle de différences en matière de couleur de peau, hélas. Moi, je pense que nous sommes tou·te·s métisses. Née d’une mère sénégalaise et d’un père suisse, j’ai souvent le sentiment de devoir choisir mon camp. Je constate aujourd’hui que je ne suis pas la seule à me poser ces questions ou à ressentir les même émotions. Je l’ai bien vu grâce aux échanges que j’entretiens avec d’autres métisses. Il·elle·s pensaient eux·elles aussi, se trouver seul·e·s face à ce paradoxe quotidien. Ces rencontres et la constitution d’une sorte de réseau amical, m’ont donné envie d’en témoigner par l’image. Je travaille avec des gens avec lesquels je partage une expérience bien spécifique du rapport aux autres. Des personnes métisses, issues elles aussi, conjointement, de cultures africaines et européennes. Mon intention n’est surtout pas de créer et de renforcer une catégorie, mais peut-être faut-il passer par là pour que ce qui m’est aujourd’hui imposé par le regard social puisse se voir abordé, discuté, dénoncé surtout. Très pragmatiquement, à ce stade, mon projet consiste simplement à faire le portrait de personnes qui considèrent qu’elles sont caractérisées sous le terme de métisse. Je n’entre pas dans un débat sur la nature de leurs origines. Photographiquement, je ne me soumets pas à une procédure standardisée de prise de vue. La représentation des corps noirs ou métisses se confronte bien à l’histoire de la figure du sauvage colonisé. Sans pouvoir absolument et totalement échapper à cette marque brûlante de l’histoire des représentations, je pense, par une approche sensible et non systématique, constituer un ensemble de portraits formant une sorte de famille ou de communauté, au sens solidaire du terme.
est une photographe suisso-sénégalaise. En 2020, elle achève sa formation de photographe à l’école de Vevey et poursuit avec un diplôme en communication visuelle. Elle a travaillé auprès de Bilal El Kadhi à Paris dont le cadre stage en photographie de mode. Ses origines mélangées se présentent comme étant l’élément fondamental de son travail artistique.
@laure.huguet
Laure Alabatou Reina Huguet ne crée pas des catégories, elle constate une réalité en Suisse: les discriminations contre les personnes racisées ne se comptent pas. Les personnes concernées sont constamment confrontées à leur couleur de peau et leur identité. De manière très poétique et juste, la photographe crée des images chargées d’histoires. La subtilité avec laquelle le blanc et le noir de l’image disparaissent, pour laisser place à une infinité de nuances crée une déclaration visuelle forte, tout en critiquant indirectement, ou volontairement, une histoire raciste de la photographie. «Ailleurs, Ailleurs» par son titre presque provocateur, fait du bien à voir en Suisse.